Du 27 avril au 18 mai
Tout commence à partir de la matière dans les œuvres présentées : ce sont les portes d’entrées de l’art de chacune des deux artistes. Le feutre pour Carine Mertes, la terre pour Ellen Van Der Woude. Ce sont deux disciplines qui impliquent un savoir-faire, une expérience au niveau de la matière qui résultent d’expériences et d’essais multiples. Les œuvres se créent au fur et à mesure, petit à petit, lors d’un processus long et méticuleux. C’est l’art de créer, de donner une forme artistique à ces matériaux qui se métamorphosent sous la vision de l’artiste.
La céramique dévoile les subtilités du travail de la matière minérale à travers le façonnage, la transformation d’un morceau de terre en une sculpture unique. La terre souple au départ, devient solide au fur et à mesure des étapes de la production, tout en gardant un côté très délicat.
Les fibres de la laine, matériaux organiques issus d’êtres vivants, amalgames des fibres de poils de mouton ou d’alpaga, sont travaillées selon les bases des techniques anciennes. Le procédé passe par des adaptations des techniques modernes pour élever cet art au rang d’art contemporain.
Pour les deux artistes, le toucher est essentiel. Aussi bien dans le travail de la terre, que celui du feutre, la nécessité du toucher, d’être en contact direct avec la matière, implique un ressenti qui est nécessaire dans la concrétisation des productions abouties.
On retrouve dans leurs créations une approche du vide et du plein.
Du vide pour Carine, qui réalise des contenants, des objets creux, qui pourtant ne sont pas dédiés à recevoir un quelconque contenu. Des sculptures aux formes surprenantes et non utilitaires, faisant un peu référence à des vases ou mieux encore, des amphores qui deviennent presqu’humaines tout en gardant leur élégance. Des formes rondes que l’on peut attribuer à des corps de femmes, des rondeurs nourricières qui pourraient symboliquement accueillir la vie. Le travail se fait par moulage autour d’un gabarit plat, en une seule pièce qui est mise ensuite en forme. L’ajout d’autres matériaux comme la soie, le papier, prend place lors du processus.
Du plein pour Ellen, dans le sens où tout est rempli, complet, et ne laisse aucune place pour contenir. Chaque petit élément résulte d’empreintes faites du bout des doigts, elle n’utilise que très peu d’outils intermédiaires. Les éléments sont ensuite assemblés en formes complexes et imaginatives, teintées de sensibilité. Son inspiration trouve sa source dans la nature et plus précisément dans les milieux botaniques et aquatique. Les œuvres qui semblent osciller au gré du vent et des courants de l’eau, paraissent presque vivantes.
Les couleurs sont naturelles : la terre originelle, qui est parfois légèrement teintée avec des engobes et des oxydes, et la couleur primaire de la laine, propre à chaque race du mouton.
Entre blanc et noir, entre douceur et rugosité, entre souplesse et fragilité, l’exposition se découvre au travers de maîtrises de techniques sublimées, en quête d’éternelle perfection – processus sans fin qui poussent les artistes à travailler sans relâche afin de nous présenter des œuvres étonnantes.
Françoise Bande
Exposition accessible du jeudi au dimanche, de 14h à 18h et sur rendez-vous
621 25 29 79 millegalerie@kulturmillen.lu
Moulin de Beckerich 103, Huewelerstrooss 8521 Beckerich