Carmen Landuyt-Kill, artiste
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Et le roi des forêts se donne
A cet artiste qui s’adonne
A le rendre très beau.
Jean-Michel Bollet
Un coup de foudre pour une figurine, une Madone en bois de cerisier, ‘fascinée, je voulais la toucher, la regarder, l’avoir dit-elle. C’était il y a bien longtemps au marché de l’Octave, je vois encore le stand comme si c’était hier’.
Étrange coup de cœur, étrange choix de sculpture pour une fillette d’à peine 10 ans, mais a-t-on jamais su expliquer le pourquoi des histoires d’amour ? Depuis, la forme de cette figurine présente encore et encore dans la plupart de ses œuvres semble n’avoir jamais quitté les mains de l’artiste.
L’artiste, c’est Carmen Landuyt-Kill, née le 2 février 1955 à Luxembourg et résidant à Walferdange. Formée à Luxembourg, à Strasbourg et auprès de nombreux artistes de renom à Paris, Bruxelles, en Allemagne, on ne compte plus aujourd’hui ses œuvres, ses participations aux expositions, trente, trente-cinq, quarante, de même que ses prix obtenus aux quatre coins du Continent.
On ne compte pas non plus le nombre de ses élèves forgés à la passion au Lycée Technique des Arts et Métiers du Luxembourg et où elle a eu durant quatre décennies, le plaisir de transmettre son savoir.
Elle a le don du coup de crayon, elle dessine, peint, fait du graphisme et sculpte encore et encore. L’artiste est fière de son parcours, qui ne le serait pas ?
Mais au-delà de ces trophées et reconnaissances, ce qu’elle chérit le plus au monde, ce qui, chaque jour, justifie son existence, c’est son endroit, sa caverne d’Ali baba, son atelier construit accroché à sa demeure et le long du mur du jardin arrière, comme une prolongation d’elle-même, son bras, son âme.
Quand elle y pénètre, le temps s’arrête. Le matériel noble parmi tous les autres, fer, cuir.., qu’elle travaille aussi avec bonheur, c’est le bois omniprésent, le bois dur, le bois tendre, ses couleurs, sa structure, ce bois glané au cours des promenades, ce bois offert, ce bois récupéré, noyer, pin, acajou, cèdre, hêtre et même un bout d’ébène ancien, aujourd’hui protégé, qui a ce fascinant pouvoir sur elle. Elle aime le bois qui l’aime de retour. Entre ses mains, elle n’est plus d’ici.
Commence alors la danse du mariage, mariage entre l’inspiration et la réalisation, l’inspiration qu’elle avoue trouver dans la nature.
Par ici les outils multiples et intelligents, lunettes et rampes, griffes et contre-pointes, coupoirs et gouges, tronquoirs et racloirs, calibreurs et tant d’autres. Tous participent à la valse. Enveloppée par l’odeur âcre, chaude et intime du bois, Carmen coupe, forme, ponce, tourne le bois durant des heures. Elle est alors ‘ en état de transe ‘ comme elle aime le répéter.
Dans l’atelier de Carmen on y rentre pour ne plus compter les heures, et ça même son fidèle chien, le berger de Brie le sait qui calme et serein, suit impassible les pas de l’artiste sans jamais rien réclamer.
Son manque de carrure musclée pour certains de ses travaux, elle le dépasse par sa passion. Je souris quand j’écris ces derniers mots car c’est ainsi que je l’ai rencontrée la toute première fois, à faire l’impossible. Je passais devant sa porte avec mon chien quand sous le soleil ardent de l’été, je l’ai vue qui démontait et montait l’intérieur d’un Van pour en faire un logement pour sa fille qui voulait faire la route.
Elle y installait un lit, une table, un coin cuisine construits sur mesure, par ses soins. Bluffée j’étais ce jour-là, bluffée et admiratrice je suis restée.
C’était pourtant écrit, la petite femme aux yeux clairs et à la main de génie, celle qui n’avait que 9 ans quand ses enseignants l’ont surprise en lui remettant son tout premier prix en provenance de Prague et celle qui a su cristalliser sa révolte de
jeune fille en un superbe poing levé sculpté dans le bois, ne peut qu’étonner et susciter l’admiration de tous jusqu’au bout de la création, jusqu’au bout des temps.
Heureuse de t’avoir rencontrée Carmen, merci et merci d’enrichir par la beauté notre Commune.
Hénoké Courte